Hervé Morin, Président du Nouveau Centre et candidat à l’élection présidentielle, a réaffirmé un certain nombre d’idées nouvelles en faveur du monde rural.

1. Rétablir un véritable équilibre des chances entre les territoires

Au même titre que les zone urbaines sensibles, être issu d’un territoire rural délaissé constitue aujourd’hui un facteur d’inégalité majeur dans notre société.Hervé Morin propose la mise en place de contrats de territoires pour rétablir un véritable équilibre des chances entre les territoires et permettre la renaissance du monde rural qui est aujourd’hui un monde oublié. Vivre en milieu rural ne doit plus signifier renoncer à la modernité. Pour revivifier les territoires oubliés, en particulier en milieu rural, Hervé MORIN propose de :

  • Garantir à la population l’accès aux services publics essentiels à un temps de trajet raisonnable de son domicile, qu’il s’agisse du service postal, d’une infrastructure de transports, d’un pôle emploi, de structure médicale, d’un équipement sportif ou culturel, etc. Tel devrait être le critère pertinent d’un nouveau modèle de service public à la française.
  • Combler la fracture numérique en offrant à tous un accès au haut débit, quel que soit son lieu de résidence, et a fortiori dans les zones éloignées des centres d’activité. En France, en milieu rural, près d’un tiers des foyers ont un débit inférieur à 1 Mbp/s. A l’heure de la révolution numérique, il s’agit d’un objectif stratégique. Comme le préconise le sénateur Nouveau Centre Hervé Maurey dans son rapport sur le financement des infrastructures à très haut débit, il faut garantir à chacun un service numérique universel avec la mise en place d’un vrai haut débit pour tous de 2 Mbts/s dès cette année et de 8 Mbts/s en 2015. Les 600 millions d’euros par an nécessaire seront financés pour l’essentiel par des économies sur le budget de l’Etat. Une contribution de solidarité numérique, (inférieure à 1 euro et prélevée sur les abonnements téléphoniques et d’accès à Internet) pourra toutefois également être instaurée. Il est en effet logique que le financement de cette mesure soit au moins en partie assuré par les consommateurs, comme ce fut le cas pour tous les grands réseaux stratégiques en France, à commencer par l’électricité.
  • Lutter plus efficacement contre la désertification médicale en remplaçant le concours de l’internat national par un système régional, en développant la télémédecine et en fixant la règle du non-conventionnement des médecins qui décideraient de s’installer dans une zone déjà sur-dotée. Il convient aussi de repenser le mode de rémunération des médecins généralistes en l’alignant sur la rémunération moyenne des spécialistes.

2. Inventer l’agriculture de demain

Il n’existe pas de ruralité sans paysans. Nous devons nous donner les moyens de construire l’agriculture de demain, une agriculture compétitive, respectueuse de l’environnement et capable d’assurer une rémunération décente aux agriculteurs.

Pour être efficace et compétitive, une politique agricole doit avant-tout être une politique de filières, compte tenu de la diversité et de la spécificité de secteurs agricoles.

Hervé Morin propose ainsi l’adoption d’une grande loi agricole permettant l’émergence de filières agricoles régionales structurantes autour des objectifs prioritaires suivants :

  • Revaloriser les revenus agricoles

Cette nouvelle loi agricole devra aussi être une loi de compétitivité de notre agriculture dans une économie européenne et mondiale ouverte.

L’agriculture est en première ligne de la compétition mondiale et, contrairement à une idée reçue, l’activité agricole est très facilement délocalisable.

Or le coût du travail agricole est bien supérieur en France à celui de nos principaux partenaires européens. Ainsi, l’agriculture française connaît une érosion significative de ses parts de marché et une baisse continue de sa production comme des surfaces cultivées, en particulier dans les filières les plus intensives en main d’œuvre (fruits et légumes en particulier).

En octobre 2009, le Président de la République avait annoncé l’exonération des cotisations sociales patronales pour les emplois saisonniers, permettant ainsi une baisse significative du coût du travail temporaire.

Hervé Morin propose d’étendre aux salariés permanents de la production agricole ce dispositif d’exonération de cotisations sociales patronales mis en place pour les travailleurs occasionnels. A l’initiative des députés Nouveau Centre Jean Dionis du Séjour et Charles de Courson, une première étape a été franchie lors du vote du budget 2012 avec une première baisse de 25% des charges sur le travail agricole. Il s’agit désormais d’aller plus loin avec l’alignement total du régime des travailleurs agricoles permanents sur celui des saisonniers.

Cette mesure, en réduisant mécaniquement l’injustice à laquelle sont confrontés nos agriculteurs par rapport à leurs concurrents européens, participe d’une reconquête de marchés et fera bénéficier les salariés agricoles d’une sécurisation de leur protection sociale.

Pour compenser le coût estimé à environ 1 milliard d’euros de l’extension aux salariés agricoles permanents du dispositif d’exonérations de cotisations sociales patronales, Hervé Morin propose la création d’une « contribution pour la compétitivité durable de l’agriculture » à travers une taxe acquittée par les distributeurs et assise sur la vente au détail, en grande et moyenne surface, de produits agro-alimentaires issus de l’agriculture et de l’élevage,

  • Agir pour la stabilité des prix agricoles

La financiarisation des marchés agricoles provoque une volatilité excessive des prix agricoles et une instabilité sans précédent des revenus des agriculteurs. Sur les quelques 250 milliards d’investissements sur les matières premières, 30 à 35 milliards sont orientés vers les produits agricoles. Il convient d’établir des mécanismes de régulation des marchés et des dispositifs de stockage et de stabilisation des prix agricoles, afin de garantir un revenu stable aux agriculteurs et des prix raisonnables aux consommateurs

  • Pérenniser la prime à l’herbage

Le maintien des systèmes d’exploitation fondés sur la mise en valeur des surfaces en herbe constitue un enjeu majeur pour nos territoires. En effet, l’entretien et le maintien des prairies favorise la biodiversité et préserve la qualité de l’eau.

Les surfaces utilisées mobilisent moins d’intrants (engrais, produits phytosanitaires, énergie) et l’alimentation du cheptel gagne en autonomie. C’est pourquoi il est nécessaire de pérenniser la prime herbagère agro-environnementale (PHAE) qui constitue un élément essentiel pour l’équilibre économique de certaines exploitations et pour le maintien des surfaces en herbe dans certaines zones.

  • Créer de nouvelles ressources en eau

Dans un contexte de changement climatique, et face à une augmentation permanente des besoins en eau, il est indispensable de créer de nouvelles ressources en eau dans le cadre de la gestion durable d’une ressource de plus en plus rare.

Hervé Morin propose un plan de facilitation et de réalisation massive de lacs collinaires et de retenue sur les cours d’eau moyen.

  • Soutenir le développement des coopératives agricoles

Une large majorité des agriculteurs français sont aujourd’hui adhérents d’une coopérative agricole intervenant en amont ou en aval de leur production (intrants, matériel, transformation, distribution, etc.). Le regroupement des « petits » agriculteurs leur permet de négocier de meilleures conditions contractuelles et de faire baisser les prix des intrants agricoles, notamment les semences, les engrais et les équipements. Il faut plus que jamais soutenir le regroupement des agriculteurs en coopératives afin qu’ils puissent s’organiser pour mieux peser et défendre leurs intérêts face aux pressions exercées par la grande distribution.

  • Développer les circuits courts de commercialisation

Les circuits courts permettent à certains producteurs de diversifier leur activité agricole tout en répondant à une forte demande des consommateurs qui expriment une exigence grandissante de produits du terroir, de tradition et d’authenticité. Les circuits courts permettent de valoriser les productions locales.

La mise en place de plan de soutiens régionaux aux circuits courts permettra d’accompagner les agriculteurs qui s’inscrivent dans une démarche de proximité. Ces plans régionaux participeront également à la structuration et à l’organisation de ces modes de production et de commercialisation en circuits courts dans une logique de cohésion territoriale, de maintien d’une agriculture périurbaine et de développement durable.